Rencontre avec Alyssa Momprivé, Technicienne en chimie et contrôle analyse de propreté à Testia Marignane (au premier plan sur la photo)
Alyssa, en quoi consiste votre activité ?
Je travaille au sein du pôle Cleanliness (propreté) d’Airbus Hélicoptères. Ici, Testia aide Airbus à rincer (c’est la COOPSOC qui lave les pièces) et analyser des pièces de moteur neuves dans le but de réduire leur pollution. C’est une activité encore en phase de test dans son ensemble et nous travaillons conjointement avec Airbus afin de trouver les bons critères. L’activité a commencé en avril 2019 et nous avons aujourd’hui dépassé la barre des 3000 pièces lavées !
Quel est le process ?
Les pièces que nous analysons commencent tout d’abord par être lavées dans une grosse machine dite « machine à laver ». Une fois ce lavage effectué, je récupère les pièces et vérifie si elles sont conformes selon les critères d’Airbus, c’est-à-dire si elles n’ont pas trop de particules métalliques (dans le cas contraire, les pièces doivent retourner au lavage).
Une fois le contrôle visuel effectué, je passe les pièces au banc d’extraction (qui fonctionne comme un gros entonnoir). J’applique un solvant sur les pièces selon un protocole établi en fonction du type de pièce puis en retire une membrane. Mon rôle consiste ensuite à passer cette membrane sous un microscope à lumière polarisée pour la lire et compter le nombre de particules métalliques qui la constituent. Enfin, je vérifie si ces particules sont bien dimensionnées afin de sanctionner ou non leur conformité. Selon les critères Airbus, un nombre défini de particules ne doit pas être dépassé en fonction de leur domaine dimensionnel. Nous n’acceptons pas, par exemple, les particules supérieures à 400 micromètres.
Les pièces conformes partent ensuite en magasin et sont stockées dans l’attente d’être montées sur un moteur.
Est-ce que vous faites cela sur toutes les pièces ?
Non ! Toutes les pièces sont bel et bien lavées, en revanche ma partie repose pour l’instant sur de l’échantillonnage, soit 2 à 6 pièces d’un lot selon les tailles. A terme, la vérification sera systématique et fera partie intégrante du processus qualité, mais nous sommes encore en phase de test pour l’instant.
De plus, nous ne sommes pas encore assez bien équipés pour prendre en charge toutes les pièces à l’heure actuelle : la laveuse ne peut pas accueillir de grosses pièces et le banc d’extraction ne soutient pour l’instant pas plus de 25 kilos. D’ici la fin de l’année, nous bénéficierons toutefois de nouvelles infrastructures avec une plus grosse machine à laver et un banc d’extraction qui pourra accueillir des pièces plus imposantes telles que des carters ou encore des mats rotor.
Quel est le but de cette démarche ?
Suite à un certain nombre d’accidents d’hélicoptères, Airbus a remonté la chaîne des pièces et s’est aperçu qu’il y avait des particules métalliques. Ces particules, en petite quantité, ne posent pas de problème. En revanche, plus elles sont grosses et plus elles sont nombreuses, plus il y a de risques d’enrayer les moteurs et de passer dans les fluides tels que les carburants et les huiles, ce qui peut causer des accidents.
Notre mission est donc une mission de prévention pour produire des moteurs plus propres et ainsi éviter les accidents et renforcer la sécurité des hélicoptères.
Est-ce que cette démarche n’est réalisable que pour les pièces neuves d’hélicoptères ou elle peut s’adapter à d’autres contextes ?
A l’heure actuelle, nous utilisons une norme de l’industrie automobile – nul doute que l’activité pourrait être utilisée dans d’autres secteurs !
En ce qui concerne les hélicoptères, nous travaillons pour l’instant uniquement sur des pièces neuves, mais il est tout à fait envisageable de penser que dans le futur nous pourrons appliquer cette méthode sur des pièces de maintenance afin de confirmer qu’elles puissent être remontées en toute sécurité.
En plus de cette activité expérimentale, le département Analyse des Fluides de Testia propose un certain nombre de services dédiés à l’industrie aéronautique. Retrouvez plus d’informations sur notre laboratoire en cliquant ici.